Star Wars Episode VII : Le réveil de la Force – La critique de ranger2261

Ce 27 décembre 2015 restera à jamais gravé dans ma mémoire comme le jour où j’aurais pu assister à « ma » séance cinéma du nouvel opus de la saga fondatrice de mon attrait pour la SF, à savoir STAR WARS EPISODE VII : THE FORCE AWAKENS ou LE REVEIL DE LA FORCE… et la Force est réveillée ce coup-ci, je puis vous l’assurer. Véritable madeleine de Proust pour moi, le film a réussi l’exploit de me faire pleurer (de joie ou de nostalgie, je me tâte encore à ce propos) mais ce qui est certain c’est que c’est à mon point de vue le premier vrai STAR WARS dont j’ai été le spectateur depuis la sortie de l’épisode 6, LE RETOUR DU JEDI… Ouf, dur pour les préquelles vous me direz… mais j’assume, même si je les visionne avec mes gosses à l’occasion, j’ai un léger mépris pour les épisodes 1 à 3… Il a vraiment fallu que je sois agréablement surpris pour avoir envie d’écrire un article quelques heures seulement après avoir vu le film… premier article sur ce blog depuis un an et demi… Mais un petit retour en arrière s’impose.

Septembre 1983, à grands renforts de petits extraits du film et de coulisses de tournages, la RTBF annonce la sortie d’un grand film américain de science-fiction… Déjà très fan du genre, à cause des rediffusions de la série STAR TREK et des dessins animés du mercredi après-midi, un certain petit garçon à lunettes est soudain très intéressé. Il parait que c’est la suite de deux succès, mais n’allant que peu au cinéma à l’époque le sujet lui reste fort mystérieux… et puis n’oublions pas qu’à l’époque il n’y a pas d’internet et la télévision passe surtout des John Wayne ou les Sissi. La préhistoire quoi ! Soudain, le « Monsieur Cinéma » de l’époque, Sélim Sasson, annonce un concours de dessin sur le thème du film, concours destiné aux jeunes spectateurs, avec à la clef une invitation exclusive à l’avant première belge du film. Du coup on sort les feutres, crayons, marqueurs et en s’informant auprès des copains d’école plus à la page, il n’y a plus qu’à s’y mettre ! Quelques jours et une enveloppe timbrée plus tard, c’est parti.

Et devinez quoi ? Novembre 83, je suis assis dans un confortable fauteuil de l’UGC De Brouckère à Bruxelles (pas de Kinépolis non plus à l’époque), un peu impressionné par le monde, plus encore par l’apparition soudaine de Dark Vador lui-même (David Prowse himself, pardonnez du peu) en costume de seigneur noir, descendant l’allée centrale de la salle. Ma tête !!! Passés le moment de stupeur, deux ou trois photos avec mon petit Kodak et la présentation du film, la salle s’obcurcit et c’est le choc. Je ne m’en suis jamais vraiment remis en fait.

Entre la quête initiatique du héros, la noirceur des méchants, les batailles épiques et l’humour, tout, je dis bien TOUT m’a plu dans ce film. Le jeune héros face à son père qu’il tente de ramener du bon côté de la Force n’y est pas étrangé non plus, fêlures très personnelles inconscientes en œuvre sans doute.

C’est assez amusant de se dire que j’ai visionné la trilogie dans le désordre mais c’est le cas ; les deux autres films, j’ai pu les voir en VHS chez des amis de la famille. L’histoire remise dans l’ordre pour moi enfin… cette aventure m’a accompagné plus de trente ans, a bercé mon imagination, et mon amour sincère pour cette saga n’a eu qu’un seul équivalent depuis. Ceux qui me connaissent savent de quoi je parle, j’ai basé mon premier site perso et ce blog dessus.

Passons vite sur les méfaits de Georges Lucas dans les années 90… les trois films sortis pour raconter les origines de la saga sont – malgré des moments et des idées parfois sympas – de véritables ratages selon tout bon fan.

Alors, les moments de doute estompés, c’est plein d’un nouvel espoir (oui, je l’ai fait exprès…) que j’ai décidé d’emmener ma petite famille à cette séance du samedi 27 décembre. Quelle belle surprise !!!

LE REVEIL DE LA FORCE n’est pas un film parfait (ça n’existe pas) mais bon sang, c’est un très bon ! Il fait du bien, il est un bel hommage à ses trois prédecesseurs, reste fidèle au matériau d’origine et SURTOUT ouvre bien des possibilités. Et puis mieux encore, il m’a fait sourire à de nombreuses reprises, chose que les préquelles n’ont je l’avoue pas été capables de faire.

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Trente ans ont passé depuis la fin de l’épisode 6, la résistance a mis à mal l’Empire, mais ne l’a pas réellement effacé de la galaxie. Un peu à l’image des nazis en 1945, bon nombre de généraux de l’Empire ont fui et se sont réunis au loin. Sur les cendres de l’Empire s’est elevé un nouvel ordre, le Premier Ordre en fait… et la Nouvelle République a fort à faire avec cette montée en puissance. Les Jedis sont vus comme un mythe et Luke Skywalker semble avoir disparu.

Le meilleur pilote de la résistance, Poe Dameron (Oscar Isaac, acteur très prometteur qu’on voit un peu partout en ce moment) reçoit des infos sur la cachette possible de Luke mais l’arrivée de stormtroopers et d’impériaux suramés le met sur le carreau. Il a juste le temps de cacher ses infos dans son droid, BB8, grande nouveauté du film et petit robot super sympatique. Arrêté, le chef d’escadrille sera sauvé par un jeune stormtrooper déserteur, Finn (John Boyega, révélé par ATTACK THE BLOCK). Par chance, BB8 finit entre les mains d’une jeune ferrailleuse, Rey (l’inconnue Daisy Ridley)… dont le destin semble lié à la Force.

La chance semble tenir un rôle tout particulier dans la mise en place du film, néanmoins vu que la Force est concernée, on peut parler plutôt de destin. On sent que JJ Abrams, le réalisateur est un gamin des seventies et que STAR WARS est un peu dans son ADN et ça se voit car il a vraiment réussi à faire que son film ressemble sincèrement à un film de la saga, tout en arrivant à ajouter sa touche et en agrandissant encore cet univers.

On retrouve des rappels et des allusions flagrantes à la trilogie originelle mais rien ne choque ni ne semble trop appuyé. Bien entendu il y a une gigantesque arme secrète (encore, diront certains), des tragédies familiales et des sabres laser MAIS ce sont bien les personnages et leur profondeur qui prennent le dessus. Ce film est une vraie course-relai entre la vieille garde et la jeune génération. Chacun a SON moment. Poe semble peut-être le perso le moins développé mais à mes yeux il y a une âme de héros à l’ancienne dans ce pilote, une sorte de charisme à la Errol Flynn. Rey fait passer une foule de sentiments à travers des yeux tristes et un jeu d’actrice très convaincant mais aussi une forme d’innocence qui évolue tout le long du film… Elle semble porteuse d’un grand secret qu’elle ignore mais qui semble assez évident. Seule sur une planète isolée elle attend quelqu’un qui ne viendra peut être jamais. C’est assez familier en fait.

Finn c’est le héros malgré lui, écoeuré de réaliser ce qu’on attend de lui, programmé depuis son enfance. Il fuit et tombe sur Poe et puis sur Rey et BB8 et rejoint la résistance un peu à l’image de Solo dans le tout premier film.

Mais c’est tout de même Han Solo qui remporte la coupe dans ce film. Plus vieux, un peu rouillé mais plus sage aussi, car ayant vécu des drames personnels, il sillonne toujours la galaxie avec son acolyte Chewbacca, loin de Leia dont on ne sait pas au début du film ce qu’elle est devenue. Le fil conducteur de film est « Où est Luke Skywalker? » et les bons comme les méchants sont à ses trousses.

STAR WARS reste tout de même aussi fascinant pour ses héros que pour ses méchants. Loin de certains gugusses dans les James Bond des sixties ou d’un Gene Hackman en Lex Luthor bouffon dans Superman, des vilains du genre de Dark Vador (Darth Vader en VO, on ne dit pas merci aux traducteur ou doubleurs) ou de l’Empereur sont restés cultissimes de par leur aspect effrayants mais attirants (limite sexy).

On est ici confronté à de nouveaux visages (ou masques) avec un méchant moins abouti que Vador, parce que passé du côté obscur assez récemment. Avec beaucoup moins de self contrôle, Kylo Ren est un utilisateur de la Force ayant sombré du fait une admiration sans borne pour Vador dont il conserve et chéri le casque… et puis il y a l’excellent, froid et implacable Général Hux, un vrai faschiste limite plus effrayant encore que les impériaux des anciens films. Joué par le rouquin Domhall Gleeson (vu dans les Harry Potter) il semble avoir un dédain affirmé pour Kylo Ren. Tous deux obéissent aux ordres d’un Leader Suprême énigmatique du nom de Snoke (créature digitale doublée par Andy Serkis, Gollum lui-même) lequel a rempli les pantoufles laissées vides par la mort de Palpatine. Peu de choses sont connues sur ce personnage.

La sauce prend immédiatement et les seconds rôles sont tous formidables. Retrouver Carrie Fisher en grande forme (mais bon, trente ans de plus au compteur, on évite les tenues sexys d’esclave de Jabba) et surtout la magie teintée de nostalgie entre elle et Ford fait chaud au cœur. On retrouve même des visages aliens vus dans les films précédents. Et surtout on retrouve enfin le Faucon Millenium!

Bien entendu ce n’est ni du Proust pour l’histoire ni du Kubrick pour la cinématographie, mais on n’a jamais demandé ça à ce genre de film. La nostalgie et la magie sont bien présentes et j’avoue avoir été submergé à un ou deux moments par une vague de nostalgie, un peu comme si je suivais à nouveau un chemin parcouru il y a si longtemps. Cette sensation n’avait pas été ressentie lors de la seconde trilogie. Le film est tout entier centré autour de la famille, dans ses bons et mauvais aspects, il est possible que c’est ce qui a déclenché tant de mécanismes en moi.

Petit bémol pour les fans francophones, le doublage fait « ce qu’il peut » car entre la mort de Francis Lax (qui doublait Han, pas Indiana Jones cependant… souvenez-vous de lui en doubleur de Magnum aussi), remplacé par le Richard Darbois (voix courante de Ford) et le refus (et c’est là qui tue le plus) de Roger Carel de reprendre le très rare C3PO dans le film, j’ai eu surtout envie de me revoir le film en VO.

C’est vraiment LE film que je voulais voir depuis trente ans, l’évolution honnête et logique de « ma » saga. J’ai tenté d’en dire le moins possible dans cet article mais sachez que le film est aussi profond en sentiments qu’il n’est souvent léger en humour et riche en action, pas de l’action de jeu vidéo qui serait froide et juste visuelle, non, mais un souffle épique, un renouveau… un réveil !

L’attente va être longue jusqu’à l’épisode 8…